En marge du Grand Débat, une contribution de l’AUGO

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En marge du Grand Débat, une contribution de l’AUGO

Abordant des enjeux de société, Le Grand Débat soulève plusieurs sujets qui sont au cœur des travaux des urbanistes; certains autres thèmes mis au cœur de l’actualité depuis plusieurs mois, également. Les urbanistes participent à ces actions parce qu’ils sont en première ligne dans la conception des villes et territoires, et parce qu’ils travaillent sur ceux-ci dans une vision prospective Aussi l’AUGO tient-elle à apporter, en marge de ces débats, une contribution autour de deux thèmes  :

  • L’équilibre des territoires

  • La citoyenneté

 

  1. L’équilibre des territoires 

Les territoires vivent des problèmes réels, que l’aménagement a parfois contribué à générer : segmentation sociale et culturelle, répartition inégalitaire des services, dépendance des distances et de la mobilité, aberrations écologiques… La ville, et plus généralement le territoire, se construit dans la longue durée. Pour assumer ses nécessités sociales et environnementales (notamment définies par la COP21 pour ces dernières), les villes et territoires doivent être pensés en fonction du long terme. Les urbanistes, responsables en première ligne dans cette action, soulignent des impératifs qui doivent guider celle-ci :

  • Territoires urbains et territoires ruraux :

L’AUGO affirme la complémentarité des territoires urbains et des territoires ruraux :

Le territoire est une ressource rare, qui doit être préservée. La consommation pour l’urbanisation des terres agricoles d’une part, des espaces naturels d’autre-part, n’est plus supportable dans la durée.

Aujourd’hui, l’extension des aires urbaines pénètre profondément les espaces ruraux, créant une société urbaine en milieu rural. Les interdépendances qui en résultent demandent aussi des services adaptés aux modes de vie évitant la simplification normative, dans de vraies polarités secondaires, capables d’accueillir services publics et privés à l’échelle de leur territoire.

  • Un habitat durable :

L’habitation, au sens le plus large du terme, doit être prise en compte dans la durée. Elle doit intégrer dès l’origine les coûts de gestion et de fonctionnement, les coûts énergétiques, les coûts environnementaux. Ces informations doivent être intégrées et affichées comme des composantes des projets.

  • Les services et les cœurs de ville :

Les cœurs de ville et de bourgs associent la vie commune aux services tant publics que privés : ils sont facteurs d’économies de déplacements car ils sont les plus centraux, les plus accessibles à une desserte par transports publics. Ceci nécessite souvent d’adapter la configuration des centre-villes pour les accueillir; ceci nécessite de redéployer des politiques foncières en centre-villes. Ceci implique aussi de limiter drastiquement la déportation de services communs dans les périphéries –notamment les commerces.

  • La mobilité :

La mobilité n’est pas un service, elle est le continuum de l’espace public lorsque celui-ci s’étend : le transport public est la condition d’extension des territoires. Il faut cesser de bâtir des secteurs qui ne seront jamais desservis, il faut conditionner la construction urbaine à l’accessibilité.

  • Nature et aménagement :

La nature n’est pas un complément d’âme des territoires, mais un élément à part entière de la vie qui s’y déploie. La nature en ville participe de l’existence de la biodiversité en site urbain ; elle contribue de manière globale aux économies d’énergie et à la minoration des pollutions et nuisances. A ce titre, elle ne doit pas constituer un service dans l’aménagement mais un impératif, à prendre en compte dès la définition des projets. En site rural, les continuités écologiques sont des éléments constitutifs de la vie du territoire ; elles doivent s’imposer aux actions d’aménagement tant urbaines qu’agricoles.

2. Citoyenneté et aménagement des territoires : Associer les habitants à la construction de leur territoire 

Les habitants se sentent toujours plus éloignés des décisions concernant l’aménagement de leur habitat et de leur environnement. Ils le supportent de moins en moins compte tenu de la proximité de ces actions avec leur quotidien, de la portée limitée des concertations obligatoires, de la méfiance envers décideurs et techniciens, et des erreurs qu’ils estiment constater. Or, l’aménagement et la construction figurent parmi les sujets les plus à leur portée pour agir. Les concertations légales sont le plus souvent inopérantes. Une démarche différente doit être développée :

  • Le pari de l’intelligence et de la responsabilité :

Les citoyens sont légitimes à participer aux projets, et ils sont nécessaires. Le bien-vivre ensemble implique que les citoyens soient associés aux projets dès l’origine. Leur capacité à peser dans les décisions suppose qu’ils aient une information complète et continue, de la conception à la mise en œuvre.

L’information sur les projets est trop souvent confinée dans des exercices de communication qui considèrent le public plus comme un consommateur que comme un citoyen. Il n’est plus acceptable que des éléments d’un projet ou de ses impacts soient dissimulés ou travestis dans une communication altérée. L’information vise à permettre au citoyen d’appréhender enjeux et arbitrages. Pour être crédible, l’information doit être indépendante et dégagée des directives de la maitrise d’ouvrage, et rendue accessible à tous.

L’information doit comprendre tous les aspects du projet, en particulier l’évaluation des impacts en matière de coûts de fonctionnement et de gestion, les coûts énergétiques, les coûts environnementaux et de santé.

  • Une formation citoyenne :

L’appréhension de l’information sur les projets demande qu’une formation dans ces domaines soit ouverte aux citoyens, que ce soit dès l’école, ou en accompagnement des projets.

  • Remplacer les concertations obligatoires par une association au projet et une information indépendante :

L’enquête publique est un acte accessoire aux projets ne permettant pas de peser sur ceux-ci. La concertation légale est, elle, bien trop limitée et trop tardive. Les citoyens ne doivent pas être consultés, ils doivent être associés aux projets dans des conditions leur permettant d’y apporter leur expertise de citoyens et d’usagers en amont des décisions.

Les urbanistes sont prêts à participer à tous les actes de mise à disposition du public, de formation, et d’information indépendante, auprès des citoyens.

Texte de la contribution de l'AUGO

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